C’était ma première fois en festival. En cette année 2013, le Movement Electronic Music Festival de Détroit rassemblait nombre d’artistes technos tels que Ben Klock, Nina Kraviz, Steffi, Audion, Ellen Allien, Richie Hawtin, Killer (M_NUS), Echologist, Steve Rachmad, Rrose, Silent Servant ou encore Drumcell…
Cependant, la techno n’était pas seule au rendez-vous et l’on a pu voir par exemple Nicolas Jaar exécuter un live très sophistiqué, ainsi que Totally Enormous Extinct Dinosaurs, Derrick May, Kevin Saunderson, Carl Craig, DJ Minx ft. Divinity, Eve Soul et Dantiez Saunderson, fils de Kevin Saunderson.
Ces trois jours se sont déroulés dans le froid et la pluie, mais ça n’a arrêté ni la musique, ni le public. Nous sommes arrivés un peu tard pour le premier jour, très fatigués du voyage. Ayant voulu faire une petite sieste avant le festival en attendant des amis, nous ne nous sommes réveillés que tard, environ 2 heures après l’ouverture du festival (le festival ouvrant à midi et se terminant au milieu de la nuit). Nous avons appelé nos potes et avons été chanceux qu’ils aient le temps de venir à Detroit. Après une douche, ils sont venus nous chercher en voiture. Malheureusement, déjà beaucoup de monde faisait la queue dans l’attente d’échanger les tickets contre les bracelets d’entrée. Après une heure et demie environ, on a fini par rentrer mais Nina Kraviz avait déjà commencé son show au niveau de l’Underground Stage et nous n’avons pu y assister. Par contre, certaines connaissances que j’ai pu croiser m’ont dit que le set était assez bon.
Nous commencions à avoir très faim et avons décidé d’aller voir autour de l’emplacement du festival pour trouver un endroit où nous restaurer. Nous sommes allés manger dans un restaurant asiatique ou j’ai pu retrouver de grandes similitudes avec la nourriture de Taipei (Taiwan). En sortant du restaurant, on s’est rendu compte qu’il était déjà 20h et sommes donc directement allés vers le Movement.
Jour 1 :
On a commencé par le très bon live de Matador (M_NUS) qui était cependant un peu trouble. Les gens dansaient. Je suis arrivé au niveau de la Beatport Stage pour voir ce que les 25 prochaines minutes m’offriraient et j’ai pu voir le début de la session de Ben Sims.
En cette première journée, je ne prêtais pas trop attention à la qualité des prestations, j’étais surtout très excité d’être présent et me suis surtout occupé d’analyser l’ambiance, le public, les drapeaux de plusieurs pays, allant de la Roumanie à l’Allemagne.
Je me sentais complètement ailleurs tant la drogue était présente, l’environnement était particulier, et c’était au départ un peu tendu à cause des gens un peu fous sous l’emprise de diverses substances. Mais ça, c’était le début. Après quelques temps on n’y fait plus attention. Je suis allé visiter les boutiques que le festival proposait alors que le son de Richie Hawtin retentissait déjà. C’était la dernière performance sur la Main Stage. Son set était bon mais un peu monotone, toujours les mêmes basses, toujours les mêmes rythmes. On n’est pas restés longtemps et sommes partis voir l’Underground Stage sur laquelle Nina Kraviz jouait précédemment. Slam clôturait cette nuit, les deux gars sont dingues et leur set était top.
Jour 2 :
Dimanche, premier jour de Gregor Tresher sur l’Underground Stage. Pour moi, cette scène était la meilleure de toutes. Une techno très variée. Gregor, a présenté un set très bruyant et hypnotique mais assez dansant. Nous sommes ensuite partis voir la scène Made In Detroit et avons pu voir trois nanas assez réputées ici, DJ Minx ft. Divinity et Eve Soul. Le set avait à peine commencé et j’ai été surpris d’entendre DJ Minx ft. Eva Solas – Suffer (Minx’s Main Mix) de l’une des meilleures de ces jeunettes avec la soul d’Eva Soul.
J’ai bien pu ressentir l’environnement de la scène, les gens dansaient à fond sur ce morceau. Une heure et demie après, nous sommes retournés à la scène Underground pour assister à l’une des meilleures prestations, celle de Ben Klock. Le maître des platines et de la techno allemande nous a fait passer un merveilleux moment dans son style caractérisant si bien le Berghain, d’une façon très détendue en dansant sur des rythmes allant de 127 à 130bpm. On a fini par se déplacer vers la Main Stage pour voir Audion. Le retour du projet de Matthew Dear était excellent, comme lors de la Love Parade de 2008.
Sur la même scène, il y avait ensuite Stacey Pullen, mais nous n’y sommes pas restés longtemps car on a pris la direction de l’Underground Stage pour voir les nouveaux arrivants, comme Luke Slater/Planetary Assault Systems live, presque un peu trop violent, mais l’artiste a réussi à apporter sa patte, ce qui rendait la performance différente et jamais ennuyeuse. Après la fin de ce live ce fut le final par Steve Rachmad sur cette scène techno, toujours plus techno avec le remix de Nina Kraviz : Ghetto Kraviz.
Jour 3 :
Dernière journée, j’ai terminé ce festival goinfré de bons artistes. Je ne sais sincèrement pas quoi dire de Rrose que je ne connais pas vraiment. Sa musique était très bonne et je me suis efforcé de ne pas regarder son visage figé, l’artiste arborant une longue perruque couvrant son visage mystérieux et plutôt effrayant. Cependant, sa musique est résolument novatrice et assez étonnante.
Nous sommes ensuite partis sur la scène Beatport ou jouait Ellen Allien. Je me dois de dire que le mix n’était pas extraordinaire mais la sélection et la qualité du son était parfaite et couvrait tous les petits à-côtés. Par la suite, Nicolas Jaar nous a interpellés sur la scène principale. Un très bon live, sophistiqué et rassemblant le public, l’artiste jouant oscillant sur des rythmes allant de 60 à 120 bpm. Cela pourrait être dérangeant pour certains artistes mais Jaar maitrisant bien son environnement, cela ne choque pas. Nous avons pu entendre des morceaux comme « El Bandido » ou « Mi Mujer ».
Arrivait ensuite le live de Totally Enormous Extinct Dinosaurs dans un style totalement différent mais tout aussi bon. C’était sans doute le show que j’avais le plus attendu et auquel j’ai eu la chance d’assister. Je conseille à tous d’aller les voir un jour en live si vous en avez l’occasion. A la fin, nous sommes retournés à l’Underground Stage car Silent Servant s’y produisait. L’ambiance était simplement folle, le public avec qui j’étais était complètement drogué et plusieurs personnes étaient apeurées à la vue de personnes pour le moins effrayantes, qui ont d’ailleurs eu besoin de l’aide de la sécurité et des ambulances. Les professionnels qui nous ont rejoints ont écarté ces personnes du public et leur ont administré les soins nécessaires…
Ce lundi, la météo était très pluvieuse, plus que les autres jours. Pour clôturer cette scène, nous avons pu voir deux prestations de talent : DVS1 sur l’Underground Stage puis les légendes de Detroit, Derrick May et Kevin Saunderson sur la Main Stage. Malgré la météo, nous étions heureux de ce final sans couacs sur une techno 100% Detroit.
Ce très bon festival était de qualité, situé dans une ville grandiose et très importante pour la scène électronique. Si j’avais l’opportunité d’y retourner, j’irais sans hésiter. Au centre de l’endroit où se situait le festival se trouve une place nommée la Hart Plaza, dominée par de nombreux bâtiments comme l’Hôtel Marriot ou le Gigantic et le MGM Grand pour ne citer que ceux-là. L’emplacement était stratégique et bien choisi, avec de nombreuses sculptures s’harmonisant bien avec l’endroit. Malheureusement, les environs sont un peu moyens, mais cela n’a aucun impact sur l’ambiance du festival, avec un public relativement calme et docile. Les gens sont en osmose et dansent, rient ensemble, et font beaucoup de rencontres. Au niveau des boutiques, il y avait pas mal de vinyles et compilations de qualité. Le public était international et heureux d’être ici. Plusieurs afters étaient organisés mais je ne me suis pas laissé tenter car plutôt chers et j’avais plutôt prévu de me cantonner au festival en lui-même pour le moment. Deux de mes amis sont allés voir Radioslave et James Holden parmi tant d’autres, car certains artistes ne jouent qu’en after et pas durant le festival ! Cependant, cela ne m’a pas manqué de ne pas y aller.
Ecrit par Edgar Radge, traduit par Flora Marteau, corrigé par Arnaud Combeuil.
Plus de sets ici : be-at.tv/brands/hart-plaza