Il y a près de 15 ans, Thomas Hessler se familiarisait avec la musique techno. Aujourd’hui c’est elle qui régit sa vie. Issu de Berlin est, il fait partie de cette génération ultra prometteuse, repoussant les limites de la créativité.
Récemment signé sur Index Marcel Fengler, il semble que sa carrière soit à un carrefour décisif. Début octobre il jouera de nouveau au Berghain devant une poignée de chanceux qui pourront découvrir ou redécouvrir son univers. Oscillant entre techno brute et atmosphérique, Thomas se veut intègre.
Nous avons décidé de lui poser quelques questions concernant son passé, son futur et ses diverses collaborations.
Jusqu’à présent, il semble que 2014 soit une année fructueuse pour toi. Dirais-tu qu’elle est ta meilleure année ? Quels ont été tes meilleurs moments jusqu’ici ?
En effet jusqu’à maintenant, ça a été une belle année. C’était un vrai défi mais c’est ce qui me motive. Jouer pour l’ouverture au Berghain a vraiment été quelque chose de spécial. Voir le club vide en y jouant de l’electronica, les gens qui courent de part et d’autre pendant que je préparais tout avant l’ouverture des portes pour ensuite contribuer à l’ambiance de la nuit avec ma musique était différent pour moi mais génial.
Il y a aussi un autre moment que j’aimerais mentionner, quand Marcel et moi avons décidé que mon EP était prêt à l’écoute. C’était agréable de savoir que ce sur quoi j’avais tant travaillé était enfin prêt. Cet EP exprime ce à quoi j’aspire le plus en tant que musicien.
Comment ta collaboration avec Marcel est-elle née ? Travailler à ses côtés est-il source d’inspiration pour toi ?
C’est bien sur très inspirant et spécial lorsqu’un des artistes que tu respectes le plus ressent et comprend parfaitement ce que tu fais. Ce n’est pas toujours facile quand tu es totalement indépendant et que toi et tes potes essayez de laisser une trace. Ni lorsque tu dois faire quasiment toute ta promo et t’auto financer. Bien sur, je fais ce que j’aime le plus et ce sera toujours ainsi pour moi. Marcel m’a contacté il y a de ça quelques mois. Il s’intéressait à mes récentes productions et m’a expliqué qu’il souhaitait introduire plusieurs artistes à bord d’IMF. Il m’a donc demandé si j’étais intéressé. Je lui ai fait écouter quelques tracks sur lesquelles je travaillais à cette époque et il a beaucoup aimé. C’est ainsi qu’on a finalisé mon EP ‘Perception’.
C’est très agréable de travailler avec un artiste véritablement établi avec qui je peux partager mes idées et peaufiner mes techniques.
A en croire tes gigs passés et ton EP sur CLFT Militia, il semble que la France tienne une place particulière dans ton cœur… Constates-tu une vraie différence selon les publics ? Appréhendes-tu tes mixs différemment selon les villes où tu te rends ?
J’aime la France ! C’est en France que j’ai le plus joué ces deux dernières années. Le public y est sauvage, à la fois très jeune mais toujours réactif à de nouvelles idées et musiques électroniques. Je me dois pour cela de remercier mes amis de CLFT car ils ont été les premiers, avec Dave de chez Graphene à vraiment croire en moi. Les rencontrer et travailler à leurs côtés sera et a toujours été un vrai plaisir.
En tant que pianiste, penses-tu que la musique classique ait joué un quelconque rôle dans ton évolution ? Quels sont tes plus lointains souvenirs avec la techno ?
Oui bien sur. Lorsque tu as la chance de pratiquer la musique si jeune et pendant autant d’années cela t’es toujours très utile pour ta compréhension et ta perception musicale.
Je me souviens être sorti avec mes amis vers la fin des années 90. A cette époque, je faisais du hip-hop et des graffitis. Je n’avais absolument aucune idée de ce qu’était la musique techno, ni même sa culture. Jeff Mills jouait et ça m’a totalement renversé. L’énergie transportée par la musique, ces sentiments de rassemblement et d’union ont totalement changé ma vie.
Corrige moi si je me trompe mais Thomas Hessler est ton vrai nom n’est-ce-pas ? A t’il toujours été évident pour toi d’assimiler identité personnelle et musicale ?
Honnêtement, je ne me suis jamais vraiment posé la question. J’avais besoin d’un nom de scène donc j’ai choisi le mien instinctivement.
As-tu le sentiment que la musique techno t’apportera toujours plaisir et diversité ?
La techno, la musique électronique et leurs diversités joueront toujours un rôle capital dans ma vie. Mais je ne peux pas prédire jusqu’où cela me mènera.
As tu un rituel propice à la création ? Quel état d’esprit adoptes-tu en studio ?
Le moment que je préfère pour travailler sur de nouveaux projets est tôt le matin. Après avoir nourri mes chats et avalé un bon café. Hahaha, plus sérieusement, les premières heures du jour sont celles où j’ai l’esprit clair. S’en résultent mes idées les plus créatives.
Ce qui m’entoure, mes galères du passé et la musique que j’ai écouté pendant toutes ces années sont ma plus grande inspiration.
Tu sembles être quelqu’un de très organisé, as-tu également savamment planifié ta carrière?
Vraiment ? Je ne sais pas. La musique est quelque chose qui me fascine depuis que je suis très jeune et c’est tout ce que j’ai envie de faire. Je suis mes instincts naturellement, j’essaye de m’être fidèle et d’apprendre de mes erreurs du passé.
IMF03 m’apparaît comme un tournant dans ta carrière. Qu’attends-tu de toi même désormais ? Comptes-tu garder le même cap ?
« Perception » m’a donné plus de visibilité que mes précédentes productions. J’entends bien continuer ce que j’ai toujours fait. Essayer de trouver l’équilibre parfait entre de l’electronica expérimentale et de la musique pour animer les foules.
Une nouvelle release sur IMF est-elle prévue pour bientôt ?
Oui, IMF04 est à paraître bientôt. Une compilation qui rassemblera plusieurs artistes impliqués dans le label. Je contribue à hauteur d’un titre sur ce projet. Plus d’information à ce sujet seront dévoilées dans les semaines à venir.
Propos recueillis par Romane Thomas.