Cette semaine sera consacrée au label hollandais Djax Up Beats, fondé en 1989 par Saskia Slegers (Miss Djax). Après avoir travaillé de nombreuses années dans un magasin de disques et côtoyé beaucoup d’artistes que l’industrie musicale ne trouvait pas assez vendeurs, elle décida qu’il était grand temps de se lancer dans l’aventure de l’édition. Principalement attirée par les producteurs et le son de Chicago, l’univers proposé est essentiellement Techno, avec plusieurs variantes Acid, Deep House, Electro et même Expérimental.
Avec plus de 300 sorties vinyles (dont très peu de LP), essentiellement entre 1990 et 2005, il était donc vraiment difficile de ne sélectionner que 7 titres… mais nous avons relevé le défi pour ne proposer que quelques incontournables assez variés, et pas uniquement les mieux cotés.
On débute donc en cette veille de rentrée des classes, avec Bryant Stewart, artiste complètement inconnu, et son « 4 The Children EP », sorti en 1996. Le titre choisi « Stop Rushin’ Me » ressemble étrangement à du Dj Rush (qui par la suite, a énormément collaboré avec le label). Ca a la patate, ça roule de partout… T’as fait ton sac ?
On continue avec Felix Da Housecat (Felix Stallings Jr.), artiste américain né à Chicago en 1971, opérant entre House et Techno. Il s’est notamment fait remarquer sous un des ses alias les plus connus, Aphrohead, son versant carrément Techno, avec « In The Dark We Live », sorti originalement sur Bush records en 1993.
On s’arrêtera ce soir sur le track publié sur Djax Up Beats la même année, « Freakadelica ». A l’écoute du track, le numéro de catalogue choisi ne laisse pas de doute possible : 169. Etrange coïncidence lorsqu’on constate que le catalogue ne commencerait pas à 0, mais à 122. Une bonne basse et une voix mielleuse de femme. Qui a dit que la House (à l’époque) était réservée aux homos ?
Bon, c’est mercredi, et c’est pas le moment de s’endormir. Djax Up Beats est essentiellement un label produisant de la Techno made in Chicago… et ça tombe bien parce que Mike Deadborn est né la bas en 1972. Avec le morceau « Deviant Behaviour », sorti en 1993 sur l’EP « Strictly Underground », on ne risque pas de piquer du nez… C’est le genre de morceaux qui même plus de 20 ans après est efficace sur un floor Techno, il a ce truc qui le différencie de tous les autres, qui nous accrochent et nous envoûtent dès la première seconde. Très dark, très Techno-Indus. Ce n’est pas fait pour être chaleureux. Comme quoi il y a parfois du bon à partir de travers !
Il n’y a pas eu que des producteurs de Chicago, il y a aussi eu (entre autre) un tout petit français, Ludovic Navarre, plus connu sous le nom St Germain. Master du style Deep-House mélangeant Jazz et Lounge, sampling et instruments réels, il nous propose sous le pseudonyme Hexagone un versant plus acide qu’à l’accoutumée. Pressé en 94 sur l’Ep « Burning Trash Floor », le morceau intitulé « Sea Birds » n’est pas criard comme une mouette. Au contraire, c’est cette douce chaleur qui nous envahit, ce plaisir de revoir la terre à l’horizon après une longue traversée. Ambiance : la mer est calme. Un début de soirée avec ses couleurs rougeoyantes qui se reflètent à l’infini sur les flots… et cette musique.
Subtile rencontre entre Acid et Electro, le morceau « CEM Jam » (Centrum voor Electronische Muziek) est ce qui se rapproche le plus d’un mélange entre « Clear » de Cybotron (Juan Atkins) et « Function 4 » de Planetary Assault System (Luke Slater). On retrouve certainement là les deux facettes présentées par le duo d’artistes hollandais Random XS, principalement influencés par l’Acid House de Chicago des débuts et les pionniers Techno de Détroit. C’est leur toute première sortie sur Djax Up Beats. Ils enchaîneront plus tard avec 5 maxi et un album entre 1992 et 1997.
Ce soir nous nous arrêterons sur la référence DJAX-UP 160 sortie en 1992, mais préssée originalement sur Warehouse Records en 1990. Il s’agit d’un classique parmi les classiques. Le Ep tout entier est simplement formidable, remixé et re-re-mixé, l’original de plus de 13 minutes n’a pas pris une ride en 25 ans. Ron Trent, « The Afterlife », et plus précisement le morceau « Altered States ».
Kiri est à la crème, et ça se passe de commentaires !
Il est désormais temps de saluer le travail effectué tout au long des années par Miss Jax car sans son feeling et ses prises de risques nous serions passés à côtés de nombreuses pépites. Le catalogue est bien rempli, il convient toutefois de mentionner quelques producteurs de talent sur lesquels nous ne nous sommes pas arrétés : Acid Junkies, Clementine, Armando, Like A Tim, Boo Williams, Claude Young, Stephen Brown, Mark Verbos, Justin Berkovi… Petit conseil pour vos emplettes vinylistiques : lorsque vous tomberez à l’avenir sur un Djax Up Beats d’occaz, prennez les quelques secondes nécessaires pour au moins l’écouter, vous risquerez très certainement de repartir de l’échoppe avec le sourire !
Pour conclure cette label week, nous avons donc choisi un des artistes qui représente à nos yeux le mieux le label Djax Up Beats. En effet, Ron Maney aka Dj Skull est lui aussi originaire de Chicago. Il révèle une vision futuristique et minimale de la House de sa ville natale. Parfois plus Acid ou Techno plutôt mentale et inspirée, c’est avec « Stomping Grounds » paru en 1993 qu’il fait ses débuts sur le label après avoir été repéré par Steve Poindexter, aussi natif de Chicago. L’instrumentation employée, notamment pour la rythmique (TR), est indémodable mais elle ne suffit pas à justifier l’avant-gardisme et le géni de ce producteur. Ses compositions se laissent toujours intégrer facilement dans des mixs très contemporains, et sont souvent la touche qui en remet une couche !