Salut Pablo, tout d’abord merci d’avoir trouvé du temps dans ton planning si chargé.
Concernant Faces, comment a débuté l’aventure ? Je sais que c’est la suite logique de la production du DJing mais il y a souvent un élément déclencheur à tout ça. Quel était-il ?
J’ai commencé FACES Records en 2002, j’avais reçu à l’époque des démos d’un producteur parisien extrêmement doué L’Aroye, d’Inverse Cinematics (ancien pseudonyme de MCDE) et d’Irfane (Outlines) qui est aussi originaire de Strasbourg. J’ai trouvé tous ces producteurs tellement talentueux que j’ai naturellement décidé de créer un label. L’idée de FACES Records est très simple ; elle est née de l’envie de permettre à ces producteurs encore inconnus de pouvoir s’exprimer et sortir leurs disques…
On reconnaît une touche un peu plus house et techno sur MCDE R et un coté plus soulful et groove sur FACES, cela fait partie de cette volonté de séparer les deux ?
Pas forcément, MCDE Recordings est né plus récemment (en 2008), il est vrai que les sorties sont plus axées house/techno mais aussi soulful. FACES Records est un label plus vieux et plus éclectique. Tant que c’est bon et justement soulful, je n’ai aucun problème à passer d’un maxi Hip Hop tel que le récent 45 tours de Tableek (Maspyke) au dernier maxi du producteur russe OL, à 130BPM…
MCDE R est-il indépendant de Faces ou simplement une branche de ce dernier ?
MCDE Recordings est une subdivision de FACES Records.
Tu nous viens de Strasbourg , où tu as été résident quelques années du Mudd Club , une partie du pays pas forcement réputé pour être le temple de la musique. C’est l’une des premières fois que l’on te verra à Paris.
Pourquoi cela ? Tu n’as jamais été tenté de t’exiler vers une autre capitale européenne ?
Oui je suis originaire de Strasbourg et Dj depuis plus de 10 ans. Le Mudd Club existe depuis environ 2 ans. J’étais déjà résident avant dans d’autre lieux tel que le Café des Anges où nous invitions régulièrement des guests tels qu’ Afronaught, Domu, Egon de Stones Throw ou encore les Kyoto Jazz Massive. Le public Strasbourgeois était très friand de broken beats/nu jazz à l’époque, sans doute dû à sa proximité avec l’Allemagne et la Suisse… Plus récemment j’ai débuté une autre résidence strictement House/Deep House sur la péniche du Rafiot qui s’intitule « My House », où j’ai invité aussi différents guests tels que Brawther, Kez YM, Titonton Duvanté, James Johnston…
J’ai déjà joué à plusieurs reprises sur Paris au Rex Club, Nouveau Casino, Batofar ou encore pour des soirées Ping Pong promotions, avec entre autre Gilles Peterson mais c’est vrai que cela fait quelque temps que je n’ai pu mixer sur Paris…
FACES Records ayant un rayonnement plus international que français, j’étais déjà régulièrement invité à jouer en Angleterre, Hollande, Allemagne ou même au Japon, avant même de me produire sur Paris mais j’espère que cela changera…
Effectivement j’ai souvent été tenté de m’exiler dans une autre capitale européenne, j’y pense encore mais j’ai la chance de pouvoir voyager et vivre de ma passion tout en étant basé sur Strasbourg qui est une ville certes un peu petite, mais très agréable à vivre.
Tu as des influences très variées, mais on retrouve un élément commun à ta musique : les Etats-Unis (hip hop, funk, soul, jazz, Jay-Dilla, Moodyman, basketball…) Comment expliques-tu cette passion pour la culture américaine ?
Je ne suis pas plus passionné par la culture américaine que par la culture française ou brésilienne mais tu ne peux pas pas nier que tous ces styles musicaux que tu viens de citer sont tous nés aux États-Unis et il s’avère que la plupart des meilleurs producteurs hip hop, funk, soul, jazz et house sont Américains…
Lors du processus créatif certains producteurs privilégient le feeling, la spontanéité quand d’autres préfèrent travailler de manière réfléchie et planifiée. Où te situes-tu ?
Pour la production, je fonctionne complétement au feeling et rien n’est planifié, il faut que cela reste fun à faire et spontané, tout l’opposé de mon travail en tant que label manager où là je planifie énormément à l’avance, ce qui demande beaucoup plus de temps…
As-tu une équipe derrière toi, des associés ou un booker pour t’aider dans la gestion administrative et financière quand tu pars en tournée par exemple ? Qui sont-ils ?
J’ai un designer à Strasbourg et un photographe au Japon avec qui nous travaillons sur le visuel des sorties Vinyl, Cds et aussi flyers pour FACES Records.
Pour MCDE Recordings nous travaillons avec le designer suisse Jan Steinbach.
Pour ce qui est des bookings et tournées je m’en occupe tout seul.
Tu es donc producteur, DJ et tu possèdes 2 labels, Faces Records et MCDE Recording, avec ton ami Danilo Plessow aka Motor City Drum Ensemble.
Comment se déroulent vos « séances de travail » ? Qui décide sur quel label sortira tel ou tel EP ?
FACES Records est mon label donc je suis l’unique décideur de ce qui sort, pour MCDE Recordings nous décidons avec Danilo de qui sort ou non… Nous travaillons en ligne et on se voit aussi régulièrement…
Tu reviens d’une longue tournée au Japon, un pays avec qui tu as lié des relations très particulières et où tu es déjà parti à de nombreuses reprises.
On sait les Japonais très attirés par la funk, le groove. Quel rapport entretiens-tu avec ce pays ?
Je trouve le public japonais fascinant et toujours curieux, à la recherche de…
J’ai joué pour la première fois au Japon en 2001 ou 2002 je crois, à l’époque j’étais invité pour être résident pendant 1 mois à La Fabrique (restaurant/club français) à Shibuya, ça m’a permis de découvrir Tokyo, ses différents quartiers, décors, c’est une ville énorme, toujours en mouvement…
L’année d’après j’étais à nouveau invité à jouer à La Fabrique ainsi que pour différents événements organisé par L’Ambassade de France au Japon. Depuis j’y retourne une fois par an en tournée. Cette année en plus de Tokyo j’ai eu la chance de me produire à Kobé, Yamagata et Morioka, différentes villes où je n’étais jamais allé auparavant.
En parlant de Japon, tu as pas mal travaillé avec Kez Ym lors de productions sur Faces et lors de tournées promo à travers le monde.
Tu peux nous parler un peu de ta collaboration avec lui, de la sortie de son prochain EP sur ton label et de sa future tournée en Europe ?
Kez YM est un ami et un excellent DJ. Lors de sa tournée en Europe l’année dernière, il a passé une semaine à la maison et on en a profité pour faire quelque morceaux ensemble… Son prochain et second maxi pour le label sortira en Novembre et s’intitule « Root Bound EP », pour ceux qui ne connaissent pas Kez, je vous conseille vivement d’aller le voir mixer ou de checker « Stride EP » son dernier maxi sur FACES ainsi que son récent maxi « Late Night Blue Sound » sur le label anglais City Fly.
Tu as eu un été plutôt chargé entre ta tournée au Japon, la sortie de ton propre EP en septembre « Friends Say So » et celle de Inskwel « Australaborialis » en juillet. Quelle est ton actualité pour ces prochains mois ? (des projets en tant que CSA, Kid Swing)
Nous avons un nouveau maxi de Creative Swing Alliance de prêt, qui j’espère verra le jour avant la fin de l’année, j’ai aussi terminé plusieurs tracks en solo ainsi qu’un maxi avec Motor City Drum Ensemble qui sortira l’année prochaine sur MCDE Recordings. Pour Kid Swing c’est un peu en suspend pour le moment…
Pour terminer, qu’est-ce que l’on peut te souhaiter pour la suite de ta carrière ?
De continuer à pouvoir exercer ma passion, tout en faisant de belles rencontres. Santé, Amour, Bonheur.