La label week prend cette fois-ci la direction du nord de l’Europe, au pays des grandes blondes voluptueuses aux bonnets jaune et bleu. Littéralement, Svek signifie subtilité. Label très éclectique, puisque les productions varient entre House, Dub, Techno, Deep, Broken Beat, Jazz… son activité s’est étalée de 1996 à 2003 avec un peu plus de 60 sorties vinyles. La musique proposée est avant tout chaleureuse, elle a su briser la glace pour 7 ans de bonheur.
La logique aurait voulu que l’on commence avec le 001, mais aucun stream n’est disponible.
On entame donc cette semaine avec un track au titre évocateur « Bon voyage » de Air Frog ! Derrière ce pseudo se cache nul autre que le manager du label Stephan Grieder et un artiste emblématique sur lequel on reviendra, Jesper Dahlbäck. Numéro 43 sorti en 2000, il a été repressé l’année suivante sur le label belge R&S Records. Une ligne de basse bien grasse, un rythmique très percussive, des ingrédients ravageurs pour enflammer un dancefloor sans tomber dans le classique kick 4/4.
On a pas eu le 001 hier, mais on aura le 002 aujourd’hui ! Sorti en 1996 sur l’EP « Floor Funk », le titre « Pump it freaking style » de Ari Jukka ressemble étrangement à un autre « Pump it » (94) de Dj Funk. Lorsque le sampleur est lui même samplé ? En tous cas c’est clairement Ghetto House bien que cette version soit peut-être plus « techno » que l' »original ». DJ Funk était très jeune à l’époque mais si Ari Jukka a 28 ans aujourd’hui, il aurait composé ce skeud à 8 ans ? Similairement à son homonyme, la plante verte Ikea ne tient pas dans le temps. L’engrais a été particulièrement efficace sur ce disque, c’est un concentré de classics avec entre autre « Let the music take control », avec des samples disco énoOOrmes (mais pas de streaming). Sur Discogs, les quelques exemplaires disponibles des premiers SVEK sont plutôt hors de prix. Celui-la en fait partie !
Duo composé par Jean-Louis Huhta (batteur) et l’incontournable Jesper Dahlbäck, Brommage Dub est la rencontre de la dub et du jazz, particulièrement si l’on prend « Disolving Ultra Dub » comme référence. C’est le track idéal pour les séances de relaxation et les voyages ésotériques. L’instrumentation classique (percussions, clavier, cuivres) est sublimée par les effets. Les réverbérations et feedbacks nous mènent aux portes de l’infini. Sorti en mai 2001 sous la ref 053, ce disque a obligatoirement fait partie des sélections de Laurent Garnier, et si ce n’est pas celui-la qu’il a joué, alors c’est le remix de « Funky Badja » d’Adam Beyer présent sur la même face qu’il a privilégié. La sortie 054 reprend certaines pistes de ce morceau, mais elle est bien fade et presque anecdotique lorsqu’on a goûté à la perfection.
Au jeu du blind test, celui qui répond Amon Tobin a le point validé et personne ne viendra le contester. Pourtant il s’agit bien là d’un morceau composé par Sebastian Ahrenberg (Forme), un producteur de Drum’n’Bass, plus prolifique sous le pseudo Seba. Avec « Moonraker », il nous embarque à bord de sa navette pour un aller simple vers la Mer de la Tranquilité. La référence 044 du catalogue remonte à l’année 2000, c’est un various intitulé « The Lords of Svek », une série de sorties avec des artistes essentiellement suédois. Il n’est donc pas étonnant d’y retrouver Joel Mull, Jesper Dahlbäck ou encore Cari Lekebusch. Ce dernier sera la surprise de demain !
Cari Lekebusch qui fait du Dub ??? Oui, c’est possible…Et c’est même le premier LP sur Svek ! Avec cette personnalité, Mr James Barth, il nous révèle un visage qui tranche radicalement avec la techno brute, agressive ou tendue qu’il produit à son habitude. A l’opposé, il se libère et offre ainsi une certaine sensibilité et une finesse qui ne collent pas à la musique de hangars. Il y a toujours parfois des dérives, plus rapides, mais l’instrumentation y est bien plus colorée et chaleureuse. Le morceau « Won’t Play The Game » est quant à lui profondément Dub, comme le reste de l’album « Stealin’ Music » sorti en 98. Le vocoder dérangera peut être certains, mais franchement, on n’y fait plus vraiment attention quand on se plonge tout entier dans les ondes de la ligne de basse. Ca fait carrément l’affaire pour les 3 prochaines minutes !
Revenons à des choses plus classiques. On ne pouvait pas manquer un autre pilier de la techno made in Sweden, fondateur de Drumcode… pour ceux qui suivent, on en a brièvement parlé mercredi. Conceiled Project, c’est Adam Beyer pour ses projets déguisés sur Svek et Code Red. Sorti en 98, « Pattern 3 » est le morceau qui se rapproche le plus de son style de prédilection en terme de tempo et de structure. Classé dans la catégorie Tech House sur Discogs sans doute à cause des percussions et des pads mélancholiques, il conviendrait plutôt de le glisser dans le sous-genre SoulTech. Sorti également la même année sur une compilation cd Svek, le protagoniste tombe le masque avec un intitulé légèrement différent : Adam Beyer_Conceiled Project (Part 2).
Le dernier jour de la semaine, c’est toujours l’heure de tirer des conclusions. Svek était avant tout un label soutenant des artistes suédois, qui en plus de percer sous leurs noms respectifs, se révélaient également avec des side-projects. Le plus emblématique de tous est sans nul doute Jesper Dahlbäck, à ne pas confondre avec John, son cousin, avec qui il forme Hugg & Pepp.
The Persuader, c’est un de ses alias en solo, qu’il a stoppé en 2001 et qu’il a ressorti depuis 2 ans. Originalement publié en 1997 sous son vrai nom, le Svek 011 est une série de « Untitled ». Parmi ceux-ci, le B2 est un bijou qui traversera les ages, soyez-en persuadés. Ce n’est que plus tard qu’il prendra le titre final « What’s the Time Mr Templar » en étant repressé sur le label P&D en 2009. Templar, c’est devenu le nom du label sur lequel sortent ses productions depuis son récent come back.
Si à 25 ans tu n’a pas eu ce morceau en boucle dans les oreilles, tu as raté ta vie. Séance rattrapage.