Véritable légende, Jacek Sienkiewicz est un producteur de musique électronique né en 1976 à Varsovie. C’est pendant les années 90 qu’il commence à se pencher sur la musique électronique, influencé par la techno de Détroit et la house de Chicago dans un pays où trouver des disques à cette époque était un véritable challenge. Il part un temps vivre à Berlin et commence à produire avec des machines, et en 2000 il fonde Recognition, une plate-forme qui lui permet d’exprimer librement sa vision de la musique électronique. Au cours de sa longue carrière, il a sorti quatre albums pour Cocoon, avant deux projets expérimentaux en 2014 pour No. (dont un enregistrement d’un live collaboratif avec Atom™). En 2015 il effectue un grand retour sur son propre label avec Drifting, son cinquième album qui se révèle être un fantastique voyage techno. Un grand monsieur de la musique électronique qui a collaboré avec des artistes tels que Ricardo Villalobos et tout récemment Max Loderbauer.

J’ai pu voir la performance avec Max Loderbauer pendant Atonal. Ce fut pour moi un des moments forts du festival même si j’ai aussi pu trouver par moments que c’était très exigeant. Je trouve intéressant que des personnes qui contrôlent des machines parviennent à évoquer la nature d’une telle manière. Comment était-ce de travailler sur ce projet ?

Merci pour ton compliment. C’était génial de travailler là-dessus. En fait, la nature – les montagnes pour être précis – a permis notre rencontre en premier lieu. Max et moi partageons une attitude très personnelle envers la montagne, nous passons beaucoup de temps en treks et je suppose que ces paysages résonnent avec quelque chose de profondément émotionnel et romantique en nous. Bien entendu, nous avons trouvé un langage commun assez facilement, et nous pouvons maintenant improviser beaucoup plus spontanément.

Vous continuez votre collaboration ? Est-ce que vous avez plus de sorties prévues ?

En ce moment nous faisons de temps en temps quelques jams live. Nous avons créé beaucoup de morceaux au studio de Max à Tempelhof cet été. Notre album devrait sortir chez Recognition dans la première moitié de 2016.

Tu as sorti Drifting avec ton label Recognition cette année, il a été mentionné que c’était un peu comme un journal intime. Peux-tu me parler un peu de la genèse de l’album ? Vois-tu la musique comme une catharsis ?

Pour être honnête, j’ai planifié cette sortie depuis au moins deux ou trois ans. Il était donc grand temps de s’en occuper. Concernant la musique en tant que journal, tout ce que je fais est une sorte de récit de mes états intimes et de tout ce que je perçois. C’est pourquoi chaque disque qui sort possède une profonde dimension cathartique.

En général je n’aime pas le mot car je le trouve parfois trop utilisé, mais je trouve ta musique « cinématique », dans le sens où elle m’évoque de puissantes images. Je pense que cela provient de ton travail sur les atmosphères, as-tu parfois des images précises lorsque tu composes ? Ou est-ce que c’est plus de l’expérimentation, du bricolage au début ?

Je ne trouve pas le terme trop utilisé. En fait c’est cinématique. Pour tout dire j’adorerais créer la bande originale d’un film… Par rapport aux images spécifiques, au risque de décevoir, parfois on commence avec quelque chose de précis déjà en tête, parfois cela découle juste de petites choses lorsqu’on travaille ou expérimente en studio.

Quel approche as-tu du format album ? Pourquoi as-tu décidé de sortir un EP accompagné d’un CD ?

Je traite le format très sérieusement. Peut-être que cela peut expliquer les écarts temporels entre chacun d’entre eux. J’espère que cela va changer, afin qu’un nouvel album puisse être prêt à sortir l’année prochaine. Sinon pour les formats du mix, je voulais encourager les gens à écouter tout le travail à côté de l’EP, donner plus de contenu. J’avais vraiment envie d’essayer ça et je suis heureux que le plan ait fonctionné.

Comment est ton installation live en ce moment ? Pourrait-on te voir revenir vers le Djing ?

C’est très simple. Principalement des boîtes à rythmes et quelques effets analogues, un ordinateur avec des contrôleurs MIDI, parfois élargi par un filtre spécial/une unité de distorsion. Finalement j’aime toujours utiliser un mixer analogue pour un mix final, et les traiter comme des instruments à part entière. Il arrive encore que je joue des disques, en général plutôt à des petits évènements en Pologne, ou pour des occasions particulières. Et j’aime toujours des sets ambient et expérimentaux.

Quels sont tes projets actuels ? Peux-tu me dire quelques mots sur ce remix avec Ricardo Villalobos et tes plans pour le label Recognition ?

Je travaille sur trop de projets pour tous les mentionner. J’espère sortir au moins deux albums en 2016. Pour le remix de Ricardo ? Et bien travailler ensemble, ou même juste être dans son studio est toujours quelque chose d’assez spécial. Comme c’est en général le cas avec lui, le remix a pour origine de nombreuses heures coupées en parties de plus de 20 minutes. Il était assez difficile de décider quelle version sortirait ! Finalement, j’ai sélectionné la version très courte (c’est à dire moins de 9 minutes), rapide et teintée d’electro. Pour les plans avec le label, j’espère sortir quatre albums dans la première partie de 2016 (dont le travail précédemment mentionné avec Max) et deux albums de mes amis Polonais Michał Wolski et Jackname Trouble.

Quelques mots sur le mix ?

Simplement vous asseoir confortablement et l’écouter. J’espère que vous allez apprécier.

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Crédit photo : Agnieszka Dybowska

Jacek Sienkiewicz “Drifting” (Recognition)
Release : 08.06.2015
Special remarks : EP + ALBUM CD INSERT / CD with Digipack
Tracklist CD:
1. Stand Up 2. 130mm 3. 230km 4. Drifting 5. Vargant Blues 6. No Matter What 7. Mistrz 8. Free Float 9. Sunsetstorm 10. Suppress Your Preasure
Tracklist EP:
A1. Drifting B1. Vargant Blues B2. Free Float