Chez Input Selector, on aime bien les gens qui s’investissent corps et âme dans ce qu’ils font. Alex fait partie de ce genre de personnes. On avait déjà parlé de Karat à plusieurs reprises et accueilli Laetitia sur le podcast. Il était donc temps qu’il passe à table. C’est chose faite avec ce mix d’1h37 enregistré à l’Hopetosse, péniche du Club der Visonaere (Berlin), et ces quelques question qu’on lui a posé.
INTERVIEW
Salut Alex, peux-tu me dire ce qui te rend le plus fier dans ton parcours ?
Etre restés fidèles à nos idées, notre philosophie, celle dont on a hérité dans les fêtes techno du début des années 90. On n’a pas eu à transiger, on fait ce qu’on veut; ce n’est pas de la fierté parce que c’est juste normal de faire comme ça. Le sentiment d’être dans le vrai ou au moins dans la bonne direction, avoir le respect du milieu, une qualité musicale sur le label, l’estime et les témoignages d’affection du public, la satisfaction est là. Ca n’empêche pas les transformations; notre esthétique a évolué depuis nos débuts, nos 10 premiers disques produits (98_00) étaient techno/hard techno indus voir hardcore, ça a changé mais nous sommes les mêmes.
Aujourd’hui si vous aviez l’occasion de rouvrir un shop vous le referiez ?
J’ai passé 10 ans de ma vie dans un magasin de disques, 11 mois sur 12, 6 jours sur 7, on ne comptait pas spécialement les heures à ranger les disques derrière ceux qui les écoutent, les porter, faire les inventaires etc.. J’ai ma dose, mais je regarde toujours cette période avec bonheur, j’ai écouté tellement de choses, fouillé un nombre assez fou d’entrepôts ou de caves d’Anvers à Brixton ou Offenbach ; rencontré des gens formidables dans la boutique, des énormes connaisseurs, de belles personnes, auprès desquels j’ai tout appris.
Est-ce que c’est plus facile aujourd’hui d’organiser des évents à Paris ?
Je ne peux répondre que de notre point de vue, pour nous c’est plus facile, mais c’est peut-être un peu parce qu’on se casse la tête à le faire depuis 15 ans..
Vous êtes des gros fans de Perlon, pourtant le son karat ne s’en rapproche pas tant que ça, c’est voulu ?
On a sorti Ark et Cabane avant Perlon, c’est donc eux qui nous piquent nos mecs non ? .. Je blague, mais se dire on va faire du son comme ceci ou comme cela ce n’est pas une bonne idée, si on a un modèle c’est Warp, la liberté esthétique totale. Perlon c’est une référence absolue, esthétiquement j’en apprécie énormément, et au-delà de ça c’est un gros label, ils ne font aucune comm’, aucune pub, pas de site internet, nada. si Villalobos sortait ses albums sur n’importe quel autre label on aurait des pancartes dans le métro avec sa tête, là c’est rien à foutre, tu connais tu le chopes tu connais pas c’est pas un problème pour eux. C’est un véritable affront pour l’industrie musicale classique, le biz.. Pour finir Zip le boss de Perlon est un des plus grands djs du monde, classe invraisemblable, homme charmant, il n’y a vraiment rien à dire.
Le disque que tu préfères sur Karat ?
Impossible à dire, ça dépend des jours.
La rencontre la plus enrichissante ?
Avec tous nos artistes il s’est passé quelque chose de l’ordre des sentiments aussi, des trucs forts, même pour un maxi à tirage confidentiel c’est une aventure humaine, avec tous les aléas qui en découlent. on ne s’ennuie pas, on fait de la house mais c’est parfois bien rock’n’roll.
Aujourd’hui vous ne vivez que du djing et des soirées, pas trop dur pour élever vos deux petits gars ?
On se débrouille pour vivre pas d’inquiétudes, même avec des enfants.
Quelles sont les prochaines teufs/sorties du label ?
Cette semaine sort Mr.statik « Two And A Half Women », le karat55 sera de Losoul, le 56 par Luc Ringeisen, le 57 par Andrade, le 58 par Akufen et il y aura aussi un album de Sébastien Bouchet.
Parle moi de votre résidence d’été au rivers king.
La résidence d’été au River’s King est un véritable bonheur, on a été surpris par le succès l’été dernier, les éléments étaient réunis, l’endroit, le public on ne peut plus mélangé et bon esprit, le bon son, la bonne musique, le staff cool, les videurs cools(!) les artistes heureux de voir des gens aussi passionnés et aussi fêtards à la fois que nos clients. C’est Aurélien Delaeter du Badaboum qui nous a proposé la saison, ça ne nous était pas venu à l’idée, maintenant c’est une idée fixe. Cette année on propose beaucoup de grands artistes, de tous les horizons. La musique sera variée, dans le déroulement même des soirées. Le principe des soirées Katapult, comme de toute soirée classique, est de proposer différents trucs pendant la nuit, un mec qui joue disco, un autre house, un autre techno, et retour, ou autre chose. il y aura aussi des soirées 100% house, il n’y pas de règle, l’idéal étant que les gens viennent dans nos soirées en toute confiance, sachant que ce sera de la qualité, sachant que ce ne sera pas toute la soirée la même chose, et en comprenant pourquoi c’est bien même si ça ne leur plaisait pas au premier abord. Quand je dis « on » je parle de Laetitia et moi, car rien n’est fait l’un sans l’autre, à part aux platines, et encore..