Tout d’abord d’où est venue cette idée, il y a 15 ans de créer cet événement, est-ce toujours la même équipe qui s’en occupe ? Où voyez vous ce festival dans quelques années ?
Au tout début on organisait des concerts indie-pop à Brest.
Puis vint la claque techno avec les Transmusicales au milieu des années 90. Le courant nous a interpellés immédiatement ! On a alors rangé nos disques à guitare, et lancé nos premières soirées techno en Bretagne, à l’arrache, sous le nom des “ Sonics ” : son et déco bricolés, lieux improbables, promo simplissime, et… programmation audacieuse et pointue : en novembre 1994 au camping de Saint-Pabu, l’immense Jeff Mills mixe devant un public médusé.
Astropolis naît en plein champ l’année suivante, en toute clandestinité…
Depuis la rave underground est devenue festival, et avec bonheur nous fêtons nos 15 ans avec toujours ce même esprit de la fête, de la rave, cette même envie de proposer une programmation riche, pointue, surprenante, de répondre avec passion à l’attente de notre public de plus en plus varié. Toujours la patate !
En 15 ans d’existence, l’équipe a évolué et a connu divers changements mais les initiateurs sont toujours là. « Les amis d’Astropolis » qui ont vu naître le festival toujours présents, fidèles au rendez-vous.
Sur la lune !!!
Comment voyez vous avec du recul l’évolution de ce festival depuis les années 1990 ?
Astropolis est passée de cette clairière du Nord-Finistère, au légendaire château de Keriolet, pour s’établir finalement en son fief de Brest. Depuis 15 ans nous défendons notre conception de la fête, rédemptrice, qui fait toute la particularité d’Astropolis, le plus vieil événement électro en France. Celui qui perdure, qui garde la foi, mais qui a su évoluer, s’ouvrir à d’autres genres, accompagner l’évolution de toutes les musiques électroniques émergentes et de tous les arts qui les accompagnent.
Ainsi nous mélangeons les lieux, la fête se déroule aussi bien en discothèque (La Suite), qu’en cabaret (le mythique Vauban), qu’en lieux très populaires et très fréquentés par le grand public (les Jeudis du Port, la salle de musiques actuelles La Carène, que nous appelons « Bunker Palace » durant Astro et même la Place aux boules du quartier St Martin où nous organisons une partie de pétanque électronique !!) Nous mélangeons les styles musicaux et nous nous adaptons aux nouveautés. En quelques sortes, le festival a suivi les mêmes évolutions que celles du courant des musiques électroniques. Mais avec un point d’honneur : On garde l’esprit de la rave. Ce qui fait la particularité et la notoriété de la nuit de clôture au Manoir de Kéroual, dans le bois de Guilers. Elle dure toute la nuit. Le soleil s’y couche et s’y lève sous les beats de tous les courants : Beautiful techno, Drum’n’Bass assaillante, Hardtek rebelle, pour réunir tout ceux qui font l’esprit de la rave !
Comment on évolués vos moyens (artistes, scènes, matériel) ?
Avec une reconnaissance certaine dans le milieu, les artistes répondent régulièrement présents. D’une soirée nous sommes passés à 5 jours de festivals avec divers lieux chaque soir ou presque. Nous sommes de moins en moins vus comme proposant une programmation à style unique. On peut aussi bien diffuser Cocorosie comme les Béru et la pluralité des lieux que nous investissons nous y aide. Cela nous permet de développer plusieurs ambiances sur le festival qui se complètent autour d’une programmation variée.
Ce qu’on aimerait ce serait développer Astropolis sur la ville, la faire vibrer de toute part, la mettre en lumière et musique, associer véritablement la rave au patrimoine brestois.
Que pensez vous de l’évolution des festivals plutôt orientés musique électronique ces dernières années ? (sentiment positif ou négatif ?)
Ça dépend desquels, certains nous rappellent les festivals rocks, d’autres sont de réels lieux d’expérience et de découvertes… Chaque festival a son identité, nous on garde la nôtre, tout dépend de ce que tu veux apporter au public et aux artistes. Sur Astropolis, c’est la fête. Un évènement participatif. Nos festivaliers font notre identité.
Comment déterminez-vous la programmation d’artistes sur le festival ? Y a t’il une « frontière » musicale stylistique qui vous empêcherait d’inviter certains artistes ?
On ne programme jamais ce qu’on n’aime pas. C’est simple et efficace. On est toujours contents de notre programmation et heureux d’accueillir nos artistes, de leur offrir des scènes dignes de leur talent.
En réels passionnés depuis nos débuts, nous cherchons à être honnêtes avec tous ceux qui font le festival et cela passe par la sincérité avec laquelle nous proposons notre programmation.
Reste-t-il encore des artistes que vous souhaiteriez par dessus tout recevoir ?
Bien sûr, il y en a toujours ! Aphex Twin par exemple… Le regroupement Narod Niki…
La meilleure anecdote ?
Il y en a des tas…
La programmation de Miss Kittin & The Hacker en 2001 qui à l’époque pensaient que le public français ne serait pas réceptif à leur projet. Ils sont venus car nous avions Suicide cette même année et uniquement pour cela. Et ça a cartonné ! Leur premier gros succès en France.
Sinon, entre autres, en 2005 nous avons eu l’Underground Resistance prophète Mad Mike qui dès son arrivée sur Paris voulait annuler sa venue sur Brest et rentrer chez lui ! Un des pires flip qui s’est terminé en un des moments les plus magiques de l’histoire d’Astropolis… Underground Resistance en force, 12 gars sur scène qui ont joué Soul-Funk-House de 21H à 8H du mat ! Ils ne sont jamais revenus ainsi en Europe. Ce fut une date unique et inoubliable pour les raveurs qui étaient là cette année, tout comme nous. De plus cette édition là nous avions les Béru ! Encore une fois pour soulever notre pluralité et notre attachement à l’exclusivité, à proposer du jamais vu, même du jamais concevable !
Un mot pour les lecteurs d’Input Selector ?
Astropolis c’est du 5 au 9 Août à Brest ! Venez nombreux et arborez vos tenues les plus cosmiques pour l’occasion… La fête dépend de vous ! Rave up !!!!